Gustave Le Bon

8 juillet 2007

Gustave Le Bon (7 mai 1841 à Nogent-le-Rotrou – 13 décembre 1931 à Marnes-la-Coquette), est un anthropologue, psychologue social, sociologue et scientifique amateur français. Polygraphe, il est l'auteur de nombreux ouvrages dans lesquels il aborde le désordre comportemental et la psychologie des foules. Il soutient sans équivoque la théorie d'une hiérarchisation des groupes ethniques humains (qualifiés de « races ») et de la supériorité de l'homme occidental. Il avait également des tendances anticléricales.

Biographie

Né en 1841 au Blanc où son père était conservateur des hypothèques, il fit ses études au lycée de Tours, puis à la faculté de médecine à Paris, où il obtient le titre de docteur en médecine en 1866. Benoît Marpeau, dans la biographie qu'il lui a consacré, nie cependant l'obtention de ce titre.

Il parcourut l'Europe, l'Asie et l'Afrique du Nord entre les années 1860 et 1880. Il écrivit des récits de voyage, des ouvrages d'archéologie et d'anthropologie sur les civilisations de l'Orient et participa au comité d'organisation des expositions universelles.

En 1879, il fit une entrée remarquée au sein de la Société d’Anthropologie de Paris qui lui décerna l'année suivante le prix Godard pour son mémoire Recherches anatomiques et mathématiques sur les lois de variation du volume du cerveau et sur leur relation avec l'intelligence. Mais en 1888, il démissionne et rompt tout contact avec cette Société peu ouverte aux approches psycho-sociologiques novatrices de Le Bon pour lequel "il n'y a pas de races pures dans les pays civilisés" (L'homme et les sociétés (1881) et qui entend le terme de "race", à l'instar de Taine ou Renan, comme un synonyme de "peuple", c'est à dire "un agrégat d'hommes appartenant au même milieu et partageant la même culture (langue , tradition, religion, histoire, coutumes vestimentaires , alimentaires, etc)". "Les classifications uniquement fondées sur la couleur de la peau ou sur la couleur des cheveux n'ont guère plus de valeur que celles qui consisteraient à classer les chiens d'après la couleur ou la forme des poils, divisant, par exemple, ces derniers en chiens noirs, chiens blancs, chiens rouges, chiens frisés, etc." (L'homme et les sociétés)

Son premier grand succès de librairie en sciences sociales est la publication en 1894 des Lois psychologiques de l'évolution des peuples, ouvrage qui se réfère aux lois de l'évolution darwinienne en les étendant de la physiologie à la psycho-sociologie . L'année suivante, il écrit Psychologie des Foules, pour lequel il fut félicité par Mussolini (lettres conservées par l'Association des Amis de Gustave le Bon).

Le Bon participe par la suite activement à la vie intellectuelle française. En 1902, il lance une série de « déjeuners du mercredi » auxquels sont conviées des personnalités telles que Henri et Raymond Poincaré, Paul Valéry, Émile Picard, Camille Saint-Saens, Marie Bonaparte, Aristide Briand, Henri Bergson, etc.

Influence

Les idées contenues dans Psychologie des Foules jouèrent un rôle important au début du XXe siècle. Ainsi, l'ouvrage de Sigmund Freud, Psychologie collective et analyse du moi, paru en 1921, mentionne-t-il les travaux de le Bon notamment sur "les modifications du moi lorsqu'il est au sein d'un groupe agissant". En 2010, Psychologie des foules fera partie de la série Les 20 livres qui ont changé le monde publiée conjointement par les Éditions Flammarion et le journal Le Monde.

Dans sa préface, Mathieu Kojascha écarte l’idée que l’ouvrage ait pu faire le lit du fascisme et conclut : « Contribution définitive à la psychologie collective, à la compréhension du phénomène mystérieux qu’est la foule, Psychologie des foules de Gustave Le Bon doit aussi son immense succès au fait que ce personnage étonnant, intriguant, a su exprimer l’inquiétude de ses contemporains, leur perplexité devant certains aspects de la modernité. Perçu comme un texte fondateur de la psychologie sociale, ce livre est donc un formidable document d’histoire. »

Ses découvertes lui permirent par ailleurs d'avertir dans un article intitulé " De l'évolution de l'Europe vers diverses formes de dictature" dès 1924 du fait que la montée du fascisme en Italie n'était pas un phénomène isolé mais risquait au contraire de s'étendre, par le même mécanisme d'un meneur de foules prenant, à la faveur d'événements violents, les rênes du pouvoir et les confisquant ensuite à son seul profit. Si les praticiens du totalitarisme, Mussolini, Hitler, Staline et Mao passent pour s'être inspirés de Gustave Le Bon, beaucoup de républicains - Roosevelt, Clemenceau, Churchill, de Gaulle, etc. s'en sont également inspirés. De fait, Le Bon n'a fait qu'analyser des phénomènes de croyances et de mobilisation collective qui peuvent servir à une rhétorique de conviction démocratique comme à une propagande totalitaire. Ses travaux sur la psychologie des foules furent utilisés dans la première moitié du XXe siècle par des chercheurs en sociologie des médias tels que Hadly Cantril ou Herbert Blumer pour décrire les réactions des groupes face aux médias.